Situation politique et organisation administrative du Sandjak à la veille du conflit syro-turc :

A la veille du conflit syro-turc, en 1936, le Sandjak d'Alexandrette (470.000 hectares environ) faisait partie des territoires de la République syrienne sous mandat français et jouissait d'un régime autonome au point de vue administratif et financier. En tant que territoire de la République syrienne, le Sandjak participait aux élections législatives et ses députés siégeaient à la chambre syrienne de Damas. Quelques-uns de ces dépurés firent même partie de certains cabinets syriens en qualité de ministres de l'économie nationale (1).

L'autonomie de Sandjak fut définie à plusieurs reprises par arrêté du Haut Commissaire de la République française en Syrie et au Liban, dont le dernier en date fut l'arrêté n° 3112 du 14 Mai 1930 signé par  M. Ponsot. Le Sandjak figure à titre spécial au compte de gestion des intérêts communs. Il assume sa part contributive de toutes charges communes inscrites à ce compte. Il est à ce titre, appelé à faire valoir ses droits et à débattre ses intérêts.

En plus de sa représentation à la Chambre syrienne, le Sandjak était donc pourvu d'un Conseil Administratif local chargé d'établir et de voter le budget.

Le Mandat était représenté dans le Sandjak d'Alexandrette par un délégué du Haut Commissaire qui contrôlait l'administration et apposait son visa sur tous les arrêtés engageant des dépenses.

A coté du Délégué-Adjoint du Haut Commissaire, trois officiers des « Services Spéciaux » (1 à Alexandrette, 1 à Antioche, 1 à Kirik-Khan) le renseignaient sur toutes les questions relatives à la politique et à la sécurité. Leur action variait, bien entendu, avec la personnalité de chacun, mais dans l'ensemble, ils surent toujours entretenir de bonnes relations avec les notables et les gens du peuple qui s'adressaient fréquemment à eux pour leur demander de les aider à régler les problèmes les plus divers (1).

L'administration locale avait à sa tête un Mutessarif ou Mouhafas (Administrateur) nommé par le Président de la République Syrienne, qui détenait les pouvoirs du Chef de l'Etat par délégation permanente.

Le Sandjak dont le siège était à Alexandrette, se trouvait divisé en 3 Cazas (ou sous-préfectures) : chacun étant administré par un Caymakam nommé par le chef de l'Etat de Syrie. Chaque caza étant divisé en nahiés (cantons) administrés par des moudirs nommés par le Mutessarif du Sandjak :

Au siège centrale d'Alexandrette, auprès du Mutessarif se trouvaient les services principaux (Finances, Economie, Agriculture, Forêts, Commerce, Industrie-Travaux Publics, Instruction Publique, Hygiène, Service Vétérinaire, Sûreté Générale, Gendarmerie et Justice).

Auprès de chacun des Chefs de services locaux, se trouvait un technicien français. Le seul Service des Finances était directement contrôlé par le Délégué-Adjoint du Haut-Commissaire.

Tous ces Chefs de Service locaux collaboraient avec les techniciens français non point passivement mais avec un réel souci de l'intérêt public auquel il est juste de rendre hommage (1).

Enfin, outre la Gendarmerie et la Police, un bataillon de la Légion Syrienne et un Escadron de Cavalerie légère, sous commandement supérieur français, étaient chargés d'assurer la sécurité du pays.

En pratique, le Mandat s'exerçait par l'intermédiaire du Délégué-adjoint du Haut Commissaire, trois officiers français des services spéciaux, et les six techniciens des services centraux. Cette organisation réussit à donner à la circonscription la paix et la sécurité la plus complète pendant 15 ans ; elle lui avait donné une législation régulière et jeté les bases d'un équipement moderne.